Les appuis à la souveraineté se raffermissent

Un nouveau volet du sondage Pallas Data/Qc125/L’actualité, sur la souveraineté du Québec cette fois-ci, permet de constater que si les indépendantistes sont encore loin du grand soir, leur projet demeure vivant. La montée vertigineuse du Parti québécois (PQ) et la chute de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans les intentions de vote cet automne semblent avoir eu un léger effet sur l’engouement des Québécois pour le projet indépendantiste. Lire cette chronique ici . Philippe J. Fournier est le créateur de Qc125. Il est professeur de physique et d'astronomie au Cégep de Saint-Laurent à Montréal. Pour toute information ou pour une demande d'entrevue médiatique, écrivez à info@Qc125.com . Philippe J. Fournier is the creator of Qc125. He teaches physics and astronomy at Cégep de Saint-Laurent in Montreal. For information or media request, please write to info@Qc125.com .

Les meilleurs scénarios pour le PLQ, la CAQ et le PQ

Lors du billet précédent, nous avons exploré les « cauchemars » de chacun des trois grands partis, soit la moyenne des simulations se trouvant juste à l'extérieur de l'intervalle de confiance de 95% du côté pessimiste. En calculant les moyennes de sièges et du vote populaire de ces scénarios désastreux, nous avons obtenu un estimé du plancher de sièges de chacun des partis selon les données de la dernière projection Qc125.

Aujourd'hui, nous allons explorer l'autre côté du spectre: la moyenne des scénarios hors de l'intervalle de confiance de 95% du côté optimiste. Qu'arriverait-t-il si un parti est légèrement sous-estimé dans les sondages? Si un parti obtient une petite « prime à l'urne » par rapport à ses rivaux?


(FAQ: comment lire ce graphique?)

Nous allons nous concentrer sur les chiffres du PLQ, de la CAQ et du PQ et ignorer ceux de QS pour l'instant. Les pires et meilleurs scénarios pour Québec solidaire seront traités en détail lors un prochain billet.


Les meilleures simulations libérales



En calculant la moyenne des meilleures simulations libérales, le PLQ obtiendrait un vote populaire de 35,4% (ce qui serait quand même une baisse de 6% par rapport à l'élection de 2014).

En regardant la distribution régionale, nous remarquons quelques surprises:





Le Parti libéral obtiendrait en moyenne 63 sièges, soit le seuil limite d'une majorité à l'Assemblée nationale. Comment y parviendrait-il? En conservant ses châteaux forts de Montréal, Laval, l'Outaouais, les Cantons de l'Est et en obtenant un score respectable dans la région de Québec.

La plus grande victime d'une bonne performance libérale serait le Parti québécois qui serait réduit à seulement 21 sièges. De plus, regardez le centre de l'Île de Montréal: le carré jaune-orangé est Rosemont, la circonscription du chef péquiste Jean-François Lisée. En effet, dans ce qui représente environ 2,5% de toutes les simulations de la dernière projection, Rosemont passe à Québec solidaire dans plus de 55% des cas. En fait, QS deviendrait le deuxième parti à Montréal, devant le PQ.

Nous pouvons constater à quel point les probabilités d'un gouvernement majoritaire sont faibles avec les chiffres actuels: même en ne prenant que les meilleures simulations libérales, le PLQ atteint à peine les 63 sièges nécessaires.

Regardons maintenant les meilleurs scénarios pour la Coalition Avenir Québec.


Les meilleures simulations caquistes



Supposons que le Québec entre dans un nouvelle vague: une vague turquoise. Supposons que ni le PLQ, ni le PQ n'arrive à séduire l'électorat pendant une campagne électorale remplie d'animosité. Supposons que le parti de François Legault parvient à se hisser au-dessus de la mêlée et obtient un résultat juste au-dessus de ce prédisent les sondages. Que nous disent les chiffres sur un tel scénario?

En calculant la moyenne des meilleures simulations caquistes, la CAQ obtiendrait 30,0% du vote populaire, un seuil qu'aucun autre parti que le PLQ et le PQ n'a réussi à atteindre depuis l'ADQ en 2007 et la défunte Union nationale en 1966.

Regardons la distribution régionale:




Avec les chiffres actuels, si la CAQ surperforme son vote, elle prendrait le pouvoir avec un gouvernement minoritaire. En moyenne, les chiffres de la projection donnent à la CAQ pas moins de 56 sièges - le total de sièges le plus élevé par un parti qui n'est pas le PLQ depuis le PQ de Lucien Bouchard en 1998.

Cette distribution régionale montre des divisions claires dans l'électorat québécois: les Libéraux conserverait Montréal et l'Outaouais, mais perdraient du terrain à Laval et les Cantons de l'Est. La CAQ remporterait tous les sièges sauf trois de la Couronne nord, Laurentides-Lanaudière, la Mauricie, le Centre du Québec, Québec et Chaudière-Appalaches.

Encore une fois, QS dépasserait le PQ sur l'Île de Montréal.

Qu'arriverait-il maintenant si c'est le PQ qui surperformait son vote? Explorons.


Les meilleures simulations péquistes



Nous prenons maintenant les meilleures simulations pour le PQ et, en moyenne, il obtiendrait un vote populaire de 27,3%.

Pourrait-il gagner avec un part du vote aussi basse? La réponse est oui, mais de justesse:




Dans ces scénarios les plus optimistes pour le PQ, il obtient en moyenne un total 47 sièges, contre 42 pour le PLQ et 33 pour la CAQ.

Le PQ freinerait alors l'expansion de QS sur l'Île de Montréal. Il repousserait la montée de la CAQ dans l'est de la Montérégie et reprendrait les comtés lavallois qu'il avait remportés en 2012. De plus, le PQ partagerait alors les sièges de Laurentides-Lanaudière et balayerait le Nord du Québec.

Avec les chiffres actuels, nous obtenons les résultats régionaux les plus « bordeliques » lorsque le PQ surperforme son vote. J'écris le mot « bordelique » non pas comme éditorial, mais comme dans « sortez le popcorn ». Avec ces chiffres, lorsque le PQ surperforme, il y a de nombreuses simulations qui résultent soit 1) en une égalité, principalement avec le PLQ, ou 2) en des totaux de sièges extrêmement serrés.

Par exemple (et je sais pertinemment qu'il ne faut pas donner trop d'importance à des simulations individuelles), considérez la simulation #8554 suivante:



Qu'arriverait-il dans un tel scénario? Le PLQ aurait la première opportunité d'obtenir la confiance de l'Assemblée nationale, mais comment pourrait-il y parvenir? Le PQ pourrait-il vraiment obtenir le support de la CAQ? Est-ce que les Libéraux négocieraient une entente avec la CAQ? Les sièges de Québec solidaire seraient plutôt sans grande conséquence dans un tel scénario.

Notez d'ailleurs que dans cette simulation, le PQ termine troisième au vote populaire. Aurait-il la légitimité de gouverner?

En fait, est-ce qu'un parti - quel qu'il soit - pourrait affirmer posséder cette légitimité? J'en doute fortement.



En conclusion



Les scénarios cauchemars pour chaque parti sont d'excellents sujets pour s'engager dans des discussions animées, mais je crois que les scénarios optimistes le sont aussi. Il ne s'agit que d'une petite erreur dans les sondages pour que nous soyons plongés dans un tel scénario.

Considérez la figure suivante:



Les colonnes foncées représentent les simulations qui ont été compilées et explorées dans ce billet. Le PLQ pourrait encore se détacher du lot et remporter une courte majorité. La CAQ pourrait entrer dans l'histoire et briser le monopole PLQ-PQ des 40 dernières années. Le PQ, grâce à l'efficacité de son vote, pourrait se glisser au premier rang des sièges même en terminant troisième au vote populaire.

Que de possibilités!

Sur ce, je souhaite un excellent samedi à tous et toutes. Merci de lire et partager ce blog. Vos mots d'encouragement sont grandement appréciés.


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