Les appuis à la souveraineté se raffermissent

Un nouveau volet du sondage Pallas Data/Qc125/L’actualité, sur la souveraineté du Québec cette fois-ci, permet de constater que si les indépendantistes sont encore loin du grand soir, leur projet demeure vivant. La montée vertigineuse du Parti québécois (PQ) et la chute de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans les intentions de vote cet automne semblent avoir eu un léger effet sur l’engouement des Québécois pour le projet indépendantiste. Lire cette chronique ici . Philippe J. Fournier est le créateur de Qc125. Il est professeur de physique et d'astronomie au Cégep de Saint-Laurent à Montréal. Pour toute information ou pour une demande d'entrevue médiatique, écrivez à info@Qc125.com . Philippe J. Fournier is the creator of Qc125. He teaches physics and astronomy at Cégep de Saint-Laurent in Montreal. For information or media request, please write to info@Qc125.com .

Les pires scénarios pour chaque parti

Le titre de ce billet est sans contredit la définition même de l'anti « clickbait », car généralement les partisans d'organisations politiques aiment lire et partager les bonnes nouvelles à propos de leur parti.

Et bien si vous êtes un partisan de bonnes nouvelles pour votre parti préféré, ce billet n'est pas pour vous.

Aujourd'hui, je jette un coup d'oeil aux pires scénarios pour chacun des partis en utilisant les données de la dernière projection du modèle (18 décembre 2016).

Évidemment, j'aimerais rappeler à mes lecteurs et lectrices que le modèle est d'abord et avant tout probabiliste: les simulations décrites dans ce billet sont certes plausibles, mais elles sont peu probables (voir figure ci-dessus). Ce sont les scénarios à l'extrême de la courbe probabiliste - du côté de la médiocrité pour chaque parti.

Commençons avec le parti présentement au pouvoir.

Simulation #103: le vote libéral est réduit à l'ouest de Montréal et Gatineau

Quelques simulations accordaient aux Libéraux 36 sièges une fois les résultats compilés, ce qui serait un score libéral historiquement bas. En effet, il faudrait retourner à l'élection de 1976 (première victoire du PQ) pour retrouver un total libéral aussi affreux (le PLQ n'avait gagné que 26 des 110 sièges à l'époque).

Considérez la distribution régionale suivante:

Le PLQ perd la moitié de Laval, est balayé des Cantons de l'est, de la région de Québec et même de la Côte-Sud. Évidemment, le Parti québécois sort vainqueur de cette simulation, mais son total de 48 sièges ne serait certes pas qualifié d'impressionnant.

Quel parti formerait l'opposition officielle? Il y a une égalité au deuxième rang!

D'autres simulations qui donnaient 36 sièges aux Libéraux en accordaient entre 30 et 34 à la CAQ... et c'est pourquoi je crois que cette simulation est la pire pour le PLQ: il passerait d'un gouvernement majoritaire à une égalité avec la CAQ à l'opposition.

Évidemment, certains pourraient affirmer que 36 sièges n'est pas un total si affreux. En effet, le PLQ possède le plus haut plancher des quatres partis actuels. Autrement dit, parmi les résultats les plus médiocres pour chaque parti, celui du PLQ est le « moins médiocre ».

Regardons le vote populaire de cette simulation:
  • Le PLQ obtient 30,0% (1,6% de moins que sa moyenne);
  • Le PQ prend 30,1% (+1,0%);
  • La CAQ reçoit 27,0% (+0,9%).
Observation intéressante par rapport à ces chiffres: il s'agit du pire des scénarios pour le PLQ et il ne perd le vote populaire que par un maigre 0,1%.

Regardons maintenant le pire scénario pour le PQ.

Simulation #207: le PQ perd le vote nationaliste à la CAQ

Dans la dernière projection, le Parti québécois possède le plus haut plafond (60 sièges), mais son plancher pourrait provoquer d'horribles cauchemards aux électeurs péquistes: un maigre total de 28 sièges - dont seulement 8 dans la grande région de Montréal (Montréal, Laval, Couronne nord et Montérégie).

Le PLQ est gagnant de cette simulation avec 51 sièges et la CAQ forme une forte opposition officielle avec 42 sièges.


En regardant la distribution du vote populaire pour cette simulation, on se rend compte à quel point de petites variations peuvent tout changer dans notre système uninominal à un tour (FPTP):
  • Le PLQ obtient 31,8% du vote (0,2% de plus que sa moyenne);
  • Le PQ gagne 26,8% (-2,3%);
  • La CAQ obtient 27,9% (+1,8%).
Conclusion? Un bloc d'environ 2% qui quitte le PQ pour joindre la CAQ engendrerait ce type de scénario désastreux pour la formation souverainiste. Au cours de l'analyse de la dernière projection, j'ai mentionné à plusieurs reprises que le PQ se trouvait à la limite de la zone payante et la CAQ, juste devant. Ceci est une autre démonstration de ce fait. Le pire des scénarios pour le PQ n'est pas une simulation où le PLQ surperforme son vote par 2% ou 3%, mais bien une situation où la CAQ arrache suffisamment de votes au PQ pour faire balancer les comtés pivots vers le parti de François Legault.

Regardons maintenant le pire des scénarios pour la CAQ. Vous verrez qu'il y a une certaine symétrie avec le pire scénario du PQ.

Simulation #90: la CAQ s'effondre

Et si c'était du côté péquiste que les comtés pivots de la Montérégie et de la Couronne nord devaient tomber? Et si les Libéraux devaient conserver plusieurs de leurs sièges dans la région de Québec?

Dans un tel scénario, la CAQ arriverait à peine à se qualifier comme parti officiel à l'Assemblée nationale. Considérez la distribution régionale suivante:

Le PQ remporte cette simulation de justesse avec 54 sièges contre 52 pour les Libéraux. La CAQ est réduite à 15 sièges.

Un coup d'oeil au vote populaire de cette simulation en dit beaucoup:
  • Le PLQ obtient 31,8% (0,2% de plus que sa moyenne, soit un résultat similaire à la simulation du pire scénario péquiste);
  • Le PQ reçoit 31,2% (+2,1%);
  • La CAQ ne reçoit que 23,6% (-2,5%)
Encore une fois, un bloc d'environ 2% qui bascule entre la CAQ et le PQ fait toute la différence. Il transforme une troisième place pour le PQ... en une victoire.

Finalement, jettons un coup d'oeil rapide au pire des scénarios pour Québec solidaire.

Simulation #48: le PQ reprend les sièges de QS

...sauf un seul: Gouin. Évidemment, les simulations décrites dans ce billet ont été effectuées avant l'annonce du départ de Françoise David. Si Québec solidaire devait ne pas remplacer Mme David avec un candidat vedette, Gouin pourrait aussi devenir un comté pivot.

Il va sans dire que le Parti québécois serait le bénéficiaire principal d'une contre performance de QS, mais ces gains ne feraient pas une grande différence dans le résultat final: la pire simulation pour QS est une victoire minoritaire péquiste. La balance du pouvoir irait à la CAQ et le PLQ formerait l'opposition officielle.

Dans cette simulation, QS obtient 9,9% du vote populaire, soit seulement 0,2% de moins que sa moyenne. Tel que décrit dans ce billet, la variation du vote solidaire influence peu le total de sièges des autres partis (dans l'intervalle actuel de QS, évidemment). Le PQ remporte cette simulation non pas parce que QS a contre-performé, mais parce que le PQ a remporté des comtés pivots contre la CAQ et le PLQ.

Sur ce, je vous souhaite un excellent samedi!


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