Les appuis à la souveraineté se raffermissent

Un nouveau volet du sondage Pallas Data/Qc125/L’actualité, sur la souveraineté du Québec cette fois-ci, permet de constater que si les indépendantistes sont encore loin du grand soir, leur projet demeure vivant. La montée vertigineuse du Parti québécois (PQ) et la chute de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans les intentions de vote cet automne semblent avoir eu un léger effet sur l’engouement des Québécois pour le projet indépendantiste. Lire cette chronique ici . Philippe J. Fournier est le créateur de Qc125. Il est professeur de physique et d'astronomie au Cégep de Saint-Laurent à Montréal. Pour toute information ou pour une demande d'entrevue médiatique, écrivez à info@Qc125.com . Philippe J. Fournier is the creator of Qc125. He teaches physics and astronomy at Cégep de Saint-Laurent in Montreal. For information or media request, please write to info@Qc125.com .

(3e de 3) Les scénarios gagnants pour le Parti québécois

Nous terminons aujourd'hui cette série de trois billets sur les scénarios gagnants des trois partis de l'Assemblée nationale ayant remporté une part des simulations de la dernière projection électorale Qc125 (publiée dans L'actualité).

Mardi, nous avons exploré les scénarios gagnants pour la Coalition avenir Québec qui est, selon la dernière projection, tout légèrement favorite avec une pluralité de sièges dans 55,8% des simulations. Pour lire ce billet, cliquez sur ce lien.

Jeudi, nous avons poursuivi cette analyse avec les scénarios gagnants du Parti libéral du Québec. Pour la première fois depuis la création de Qc125, le PLQ n'est plus en tête de la projection de sièges, même si les chiffres demeurent encore extrêmement serrés. Le PLQ remporte 40,9% des simulations de la projection.

Loin derrière se trouve le Parti québécois qui, selon la moyenne des sondages, a chuté de 7% à 9% au cours de 2017. Ces points perdus semblent s'être rangé du côté de Québec solidaire et de la CAQ. L'effritement du vote péquiste de 2017 fait en sorte que ce parti n'a remporté que 296 des 50 000 simulations de la projection (soit 0,6%).

Une autre façon de visualiser ces écarts est de diviser le vote populaire des trois partis selon leurs victoires et leurs défaites. Considérez la figure suivante:



Il s'agit de la distribution statistique du vote populaire de la CAQ - qui ressemble à une courbe gaussienne centrée à la moyenne de 29,6%. Les colonnes grises représentent les défaites caquistes et les colonnes turquoises, les victoires. Évidemment, nous pouvons remarquer que les probabilités d'une défaite caquiste (colonnes grises) diminuent lorsque le vote populaire augmente.

Si nous répétons l'exercice avec les données des libéraux, voici ce que nous obtenons:


La concentration du vote libéral à Montréal et Laval fait en sorte que les colonnes grises (défaites libérales) s'étendent sur une plus grande plage du vote populaire. Avec environ 30% du vote populaire et une base solide de circonscriptions, les libéraux demeurent tout de même en bonne position pour remporter une fraction importante de simulations.

Pour le Parti québécois, voici ce que nous obtenons:


Les minces colonnes bleues ne surviennent que lorsque le PQ surperforme sa moyenne - et encore, elles sont incroyablement rares.

En fait, avec les chiffres actuels, une égalité de sièges entre le PLQ et la CAQ est plus probable qu'une victoire péquiste.


Malgré tout, l'exercice d'aujourd'hui consiste d'isoler les 296 simulations victorieuses pour le parti de Jean-François Lisée et de calculer les conditions nécessaires pour qu'un retour au pouvoir du Parti québécois soit envisageable.

Toutefois, comme l'échantillon est plutôt restreint, nous devons faire preuve d'extrême prudence avec ces chiffres - ils contiennent une part non négligeable de données aberrantes.

Voici la distribution régionale moyenne des 296 simulations:


(Cliquez sur la carte pour l'agrandir.)

Étudions attentivement cette carte: pour remporter une courte minorité avec les chiffres actuels, le Parti québécois doit balayer le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay, l'Abitibi et les Laurentides. Jusqu'à maintenant, cela nous semble peu probable, mais plausible...

Toutefois...

À ces sièges, nous devons ajouter deux circonscriptions à Laval (peu probable), trois dans les Cantons de l'Est (encore moins probable) et dix des douze circonscriptions de l'est de la Montérégie (impensable pour l'instant). De plus, le PQ doit conserver ses châteaux forts de l'est de Montréal et ajouter Maurice-Richard (anciennement Crémazie).

Oh, et ai-je souligné que malgré tout le PQ termine en moyenne troisième au vote populaire? En prenant seulement en compte ces 296 simulations, le PLQ obtient 29,1%, la CAQ 27,7% et le PQ seulement 25,1%.

Tout ceci pour affirmer cela: avec les chiffres actuels, si une élection générale avait lieu ce mois-ci, nous aurions une course à deux au Québec entre les libéraux et la CAQ. Pour espérer reprendre le pouvoir, le Parti québécois doit regagner les nombreux électeurs qu'il a perdus dans le 450 et l'est de Montréal. Les régions des Laurentides et de Lanaudière seront aussi cruciales l'an prochain. Une remontée péquiste dans la Capitale nationale aiderait sans beaucoup, mais elle semble carrément impossible pour l'instant.

À moins qu'il y ait une sorte d'électrochoc en politique québécoise, il sera certes difficile de reverser la tendance des derniers mois au PQ. En effet, selon nos calculs, les libéraux ont perdu près de dix points depuis l'élection de 2014 et le PQ ne semble pas en avoir profité.

Quelle sorte d'électrochoc? Ça reste à voir.

Bon samedi à tous et toutes!




Philippe J. Fournier est le créateur de Qc125. Il est professeur de physique et d'astronomie au Cégep de Saint-Laurent à Montréal. Pour toute information ou pour une demande d'entrevue médiatique, écrivez à info@Qc125.com.

Philippe J. Fournier is the creator of Qc125. He teaches physics and astronomy at Cégep de Saint-Laurent in Montreal. For information or media request, please write to info@Qc125.com.